Quand le Novotel de Douala « offrait » le petit déjeuner…
Douala, 1987. Grolapin s’est habitué aux mœurs du pays, et est devenu un spécialiste du mensonge, de l’arnaque et surtout du bluff. Mais tel Robin des bois, il ne s’attaque qu’aux riches, et tel Picsou, ne redistribue rien aux pauvres…
Le Novotel de Douala en a fait les frais à deux reprises, enfin je crois… Pourquoi « je crois » ? Parce que je ne saurais jamais si mes amis ont réglé la note !
C’était simple : on dévalisait le buffet, et ensuite, deux d’entre nous partaient discrètement, et c’était donc au troisième de se débrouiller pour sortir sans payer la note (ou bien en la payant…). Pas facile dans la mesure où nous étions les seuls clients à cette heure très matinale… Facile pour moi, car Yannick n’ayant pas de voiture, et Dominique, l’épouse de Yann, rentrant plus tôt avec l’auto de Yann, c’est moi qui sortait le premier, pour attendre mes camarades dans ma bagnole, une Peugeot 504, juste devant l’entrée, portière arrière ouverte, prêt à prendre la fuite…
La première fois, je suppose que Yann n’a pas payé, à en juger par son apparence faussement décontractée en sortant de l’hôtel, et surtout sa démarche se voulant naturelle, mais néanmoins un peu plus rapide qu’à l’ordinaire… Impression confirmée quand il claqua la portière en disant « Fonce ! »
La seconde fois, Yannick est arrivé très tranquillement à la voiture, et je pense qu’il a dû payer, même s’il a nié farouchement…
Une autre fois, nous n’étions que Yann et moi, et avions mis au point un stratagème imparable : nous allions prétendre être envoyés par la direction française pour contrôler la qualité du service de l’hôtel… Et donc, une fois nos œufs au bacon terminés, nous nous levons pour annoncer à la réception que nous étions très satisfait du service et que nous ferions donc un rapport élogieux à la direction nationale. Et là, va savoir pourquoi, les types ne nous croient pas ! Peut-être à cause du fait que nous avions arrosé notre petit déjeuner au whisky, normal en fin de soirée tardive, mais pas vraiment pour des inspecteurs du groupe Accor… Me souvenant du nom du directeur (qui a fait du chemin depuis…), je bluffe :
- Vous ne voulez tout de même pas qu’on réveille Monsieur Binet Descamps ?
Et ça marche, les gars semblent renoncer à nous faire payer. Mais à ce moment, manque de pot, Yann craque et éclate de rire… Je l’imite aussitôt, et décide d’abandonner l’arnaque.
- C’est bon, on va vous payer…
- Non non, Monsieur l’inspecteur, il n’y a pas de raison, vous faites juste votre travail…
Croyez-le ou pas, on a vraiment dû insister pour régler la note… Après tout, nous avions réussi à les convaincre, et c’est ce qui nous motivait !
L’argent, finalement… on en regagnera…
" C'est pas parce que t'as fait la course des garçons de café qu'il faut mettre une heure à nous servir ! "